J'avais visité ce lieu durant mon enfance, plusieurs fois même. C'était pour moi LA maison hantée par excellence. Lieu interdit, sombre, immense. Ce corps de ferme abandonné m'attirait énormément même si j'appréhendais chaque fois d'y entrer. Je ne connaissais pas ce nouveau phénomène qu'est l'exploration urbaine mais je me prenais déjà pour un explorateur curieux!

J'y suis donc retourné, ce week-end, armé de mon appareil photo, de chaussures de sécurité ainsi qu'une lampe frontale, accessoire indispensable pour tout urbexeur qui se respecte. 

L'allée plantée de platanes, qui m'apparaissait incroyablement grande étant plus jeune, mène toujours a ce portail de fer forgé que le temps n'a pas réussit à dégrader. L'ambiance de cette entrée annonce déjà la couleur de ce que je vais (re)découvrir à l'intérieur de l'enceinte. 

Le mur n'a pas l'air infranchissable, je décide donc de le sauter à défaut de trouver un passage plus "facile". Je pose mon sac sur le mur, grimpe et m'assois, les jambes dans le vide. Je ne reconnais plus rien... La végétation a tellement pris d'ampleur qu'on ne discerne qu'à peine les formes de la maison d'habitation. 
Je décide de m'attaquer aux dépendances pour amorcer mon exploration. Une grange ouverte m'offre le spectacle d'une charpente que les ouvriers d'antan ont pris soin de réaliser avec attention et savoir-faire. Par terre, une brouette et un jeu de quilles en plastique défraîchi rappellent que des enfants jouaient sur ce sol sablonneux avant l'abandon de la ferme. 

Camouflée par des végétaux qui continuent de grandir, une porte en bois vermoulu est entrouverte. Elle m'invite donc à entrer dans ce qui semble être une annexe de la maison. Les volets sont clos. Des feuilles mortes jonchent le pavé poussiéreux de l'entrée. La lumière extérieure ne peut entrer que par cette porte entrouverte et ainsi tente d'éclairer, tant bien que mal, ce hall si inhospitalier. Je sors donc ma lampe frontale afin de cerner l'environnement qui m'entoure. Les pièces ne sont pas totalement vides, des objets d'ameublement comme des canapés ou des matelas occupent les lieux. Un savon desséché git toujours dans son porte savon même si son efficacité reste encore à prouver aujourd'hui. 

Je prends quelques photos... Un jeu de loto éparpillé sur le parquet semble montrer le fait que le temps s'est arrêté.

Le chemin qui mène à la maison n'est pas très accueillant comme si les ronces, les chardons et les orties s'alliaient pour me dissuader de pénétrer dans cette demeure. Le volet dont je me souvenais qu'il était ouvert y était toujours. Une entrée sans effraction, c'est la règle numéro 1 en Urbex! Je m’engageai donc par la fenêtre du salon. Enfin, cela devait être un salon... La cheminée de pierre blanche, dont l'antre mesure bien quatre mètres de large, n'accueille aujourd'hui plus ce foyer qui devait réchauffer cette famille par temps hivernal. Dans cette pièce, nombre d'objets sont présents : orgue, piano, statues, trophées de chasse... Comme si la vie s'était arrêtée du jour au lendemain. Certains ont subi les déboires du temps, telles ces touches du piano décollées par l'humidité qui ne laisse pas non plus indifférents les papiers peints! 

La cuisine n'est pas non plus des plus accueillantes; la moisissure est la seule véritable habitante de cette maison. 

Ensuite, l'escalier, dont les premières marches sont en marbre, m'entraine à découvrir le premier étage. Là-haut, tout n'est que désordre et amas de papiers en tous genres... Les pilleurs sont passés par là et ont tout retourné, déchiré, fouillé afin de trouver quelque trésor qu'ils ont peut-être emporté. Les matelas portent les traces d'une présence animale. Un ou plusieurs renards utilisent ces bâtiments comme abris où la quiétude est de mise. 

Après avoir parcouru les six chambres, les deux salles de bain et la pièce de la vitrine, je me dirige vers l'escalier pour monter au deuxième étage. Je jette un coup d'œil à ma montre; je n'ai pas le temps d'aller plus loin, déjà deux heures que je suis ici! Il est grand temps pour moi de rebrousser chemin et de retrouver le rythme de notre société contemporaine. Je reviendrais photographier le deuxième étage car les souvenirs d'objets tels qu'un vélocipède en bois me motiveront toujours à revenir... 

Mais maintenant, place aux images...! 






























Commentaires

caro a dit…
j'adore!!! les photos restranscrivent bien ce que tu nous as raconté. Caroline
The Colossi a dit…
Endroit sublime et magnifiques photos.
Où se trouve ce lieu magique ? J'aimerai y faire des photos.

Merci d'avance Erwan.

Jérôme
Santa a dit…
Bonjour je cherche un lieu abandonné pour réaliser un clip. vous avez l'air d'avoir le nez fin pour les trouver. pouvez vous m'indiquer leur lieu exact pour ceux qui sont dans l'Eure ?
Merci

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